C’est un moment de l’année un peu particulier ; les jours ont bien raccourci, la météo se fait maussade, les fêtes de fin d’année sont encore loin. Rien n’incite donc vraiment à se réjouir. Et pourtant ces 3 jours ont depuis longtemps fait l’objet de célébrations : Samonios, Halloween, la Toussaint. Mais qui s’agit-il d’honorer ?
Jean-Paul Chaudy, membre de la Diversité Spirituelle nous donne son éclairage.

Depuis des millénaires, samonios, la fête de Samain, dieu des morts, est célébrée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre.

Dans l’ouvrage « Nos Racines celtiques » le professeur Pierre Gastal[1] étudie la coutume des « lanternes des morts »[2], une survivance actuelle héritée de la tradition celtique vieille d’au moins trois millénaires[3]. Ces lanternes ornent les cimetières ou jalonnent aujourd’hui le trajet d’un pèlerinage.

Eclairer le passage des âmes

Il s’agit de monuments de pierre, en forme de tourelle, surmontées d’un lanternon dans lequel on brûlait un fanal visible de loin. Etant donné l’étroitesse des ouvertures du lanternon, on y faisait monter un nain ou un enfant pour allumer la lampe. Utilisées à la Toussaint et à chaque décès jusqu’au jour de l’enterrement, elles avaient pour but d’éclairer le passage des âmes et de favoriser leur repos éternel. Mais la croyance populaire dit aussi que cela faisait venir des feux follets…

femme tenant une lanterne dans la montagne

Cette coutume celtique a toujours été très vivace en Irlande.

Ainsi, la fête de Samain subsiste avec Halloween.

Apportée aux Etats-Unis par les émigrants irlandais, cette coutume millénaire est devenue traditionnelle.

Les rites qui y sont attachés – tintement de cloches, promenade de lanternes, quête, citrouilles – ont pour but d’apaiser les esprits des morts censés venir tourmenter les vivants dans la nuit du 31 octobre.

Pour les Celtes, cette nuit-là voyait complètement abolie la distance entre le monde des morts et celui des vivants.

Les esprits savent que c’est leur jour de fête et l’opportunité de se manifester.

Guidés par les bons esprits

Tandis que les bons esprits vont influencer positivement leurs descendants, les mauvais esprits risquent de créer des drames. En acceptant de se connecter aux esprits quels qu’ils soient, des personnes s’enivrent ou se droguent, entrent en transe et deviennent possédées. Ainsi, des esprits mauvais qui ont pu vivre il y a très longtemps, profitent de cette opportunité pour entrer dans le corps et posséder durablement la personne.

Les sorcières avaient le rôle de médium pour les êtres spirituels. Leur mission première était de protéger les mamans et les jeunes gens pour qu’ils soient guidés par les bons esprits et ne soient pas possédés par de mauvais esprits. Ainsi des familles recevaient la visite de leurs bons ancêtres.

Ce jour marque le début de l’année celtique et l’entrée dans la saison froide.

La fête de tous les saints

A l’origine, La Toussaint était célébrée le 13 mai ; mais  elle n’est pas la fête des morts.[4]

Comme son nom l’indique, la Toussaint est la fête de tous les saints, passés et présents, vivants ou déjà morts dont les martyrs.

C’est une opportunité d’obtenir l’intercession des saints.

Selon la tradition, avec la volonté de combattre le paganisme, c’est le Pape Boniface IV qui fit transporter les ossements des martyrs provenant des catacombes de Rome dans le Panthéon, ce temple païen bâti en l’honneur de tous les dieux.

Ainsi le Panthéon devint un édifice chrétien sous le nom d’église Sainte-Marie aux Martyrs.

Et la date fut changée au 1er novembre en 835.

tous les saints

Honorer ses ancêtres

Puisque la Toussaint est la fête des martyrs, des saints et des vivants, le culte de tous les morts est célébré le lendemain, le 2 novembre, concluant ces trois jours de célébration.

Le culte de ses morts est la qualification de l’être humain. Les plus anciens rites funéraires ont 40 000 ans tandis que les plus anciennes nécropoles regroupant un grand nombre de tombes en pierre ont plus de 6 000 ans. Les animaux n’accordent pas de place à leurs défunts.

Les ancêtres sont toujours présents, qu’on les prenne en considération ou qu’on ferme les yeux sur cette réalité.

lampions pour ses morts

Le bouddhisme parle de réincarnation.

Quand ces esprits ont saisi l’opportunité de travailler avec nous, nous bénéficions de leur histoire, de leurs talents, de leurs bonnes œuvres, mais aussi des problèmes qu’ils ont eu pendant leur vie et qui n’ont pas été résolus.

Ainsi, vivre avec la proximité de nos ancêtres peut avoir certains avantages mais aussi entraîner des difficultés.

Jésus établit la tradition de se libérer des esprits mauvais : il guérissait des malades et chassait les esprits impurs.

Des chrétiens ont choisi la mission d’exorcistes pour libérer leurs contemporains d’esprits possessifs.

Jésus eût maille à partir avec des éleveurs quand il envoya ces mauvais esprits dans des porcs et que ceux-ci allèrent se noyer dans le lac !

Honorer ses ancêtres, c’est aussi de leur donner l’opportunité de venir travailler avec nous, nous protéger, nous guider, nous inspirer, et assurer leur lignage. Lors de la procréation d’un enfant à travers une relation sexuelle, les ancêtres se bousculent pour s’assurer que cette descendance portera quelques-unes de leurs caractéristiques. Ainsi, quand le bébé naît, les parents essayent de voir à quel ancêtre il ressemble le plus.

Bonne célébration de ces trois jours de coopération entre le monde physique et le monde spirituel.

A consommer avec sagesse et modération.

> Pour aller plus loin

[1] Pierre Gastal, professeur honoraire d’histoire, conférencier, travaille depuis plus de 20 ans sur la langue gauloise et les traditions gauloises.

[2] Les lanternes des morts, une coutume toujours vivace dans le département de la Creuse.

[3] Nos Racines celtiques, du gaulois au français, dictionnaire, aux éditions désirs, septembre 2013 ISBN 978-2-36403-061-9

[4] Article dans  Sud-Ouest : Origine et célébration de la Toussaint

3 Commentaires

  1. Michel Raoust

    Merci à Jean-Paul de nous rappeler comment est née cette tradition. Si elle peut nous faire réfléchir à notre nature spirituelle, cette réflexion compensera le côté un peu trop mercantile venu des États-Unis.

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  2. Patrick Jouan

    Merci Jean-Paul pour cette explication historique et de la signification des célébrations pendant cette période. Cela apporte un sens plus profond et spirituel pas juste une « fête » .

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  3. Marie Josèphe MARTIN

    Merci pour ce texte, il corrige mon ignorance de la tradition celte concernant cette période.

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