Dans « Le soleil est-il conscient ?» (éd. Tredaniel), le journaliste et grand reporter, Patrice van Eersel, enquête sur la conscience. Il nous propose même d’en élucider le mystère… Un livre-enquête ouvrant sur une dimension qui peut résonner en chacun, quelles que soient ses croyances ou ses convictions.

le journaliste Patrice van Eersel en 2024

L’auteur, journaliste à Libération et à Actuel, rédacteur en chef de Nouvelles Clés a longuement exploré différents sujets alternatifs qui ont donné lieu à la publication d’ouvrages best-seller.

L’enquête proposée ici relate les surprenants échanges du journaliste avec une cinquantaine de scientifiques, thérapeutes, philosophes et témoins de l’extraordinaire. Et c’est pourquoi le titre de la couverture de l’ouvrage interpelle : « Le soleil est-il conscient ? Et les dauphins ? Et les baobabs ? Et le cristal ? et l’IA ? Et vous-même ? ».

Divisé en chapitres évocateurs : Travelling, Révolutions, Non-humains, Entrailles, Cosmos, ce livre se lit comme une progression naturelle et argumentée dans la compréhension vers ce que l’on peut qualifier de conscience ou de Conscience. Ces deux niveaux sont évoqués ou induits par des faits précis et troublants, tirés de la science, des expériences de mort imminente, aussi bien que des sagesses ancestrales et des visions animistes du monde…

Les dialogues se vivent comme une conversation privée où les interlocuteurs ont en commun  le désir sincère de résoudre une énigme. La conscience est-elle esprit, âme, psyché, résonances, relations, amour ?  Elle se distingue des états de conscience. Si pour Hubert Reeves, une gigantesque conscience collective a précédé l’émergence progressive de nos consciences individuelles, l’infiniment petit côtoyant l’infiniment grand, il est habituel aujourd’hui de partir de soi, c’est-à-dire de son cerveau pour appréhender la conscience, individuelle ou collective.

De la conscience individuelle

 L’auteur nous place au cœur de sa relation privilégiée et de confiance avec des scientifiques de renom, tel David Bohm qui naturellement évoque le quantique et le met à notre portée, lorsqu’il nous incite à placer nos émotions au centre de notre conscience, à les ressentir de l’intérieur, si nous voulons trouver le réel, la conscience que nous sommes tous reliés…

Mais plus Patrice van Eersel avance dans son enquête, plus il découvre un mot-valise extensible à l’infini. Il met en lumière « la magie de la sympathie » qui place les vivants en résonance les uns avec les autres et qui conduit à la pensée que « ce que tu fais à autrui, c’est à toi-même que tu le fais ».

L’invisible semble relever d’une sensibilité particulière, d’une perception d’une relation et plus précisément peut-être de l’intention de celui avec lequel un lien d’affection est créé.

Les plantes elles-mêmes qui « jouent de la musique » grâce aux électrodes de leur biodynamiseur, ont-elles une conscience ? Le fait est que ce chant ondulatoire a des effets sur le métabolisme des cellules. La nature tout entière, animale, végétale, atomique ou cosmique, rayonne d’une conscience musicale, le Silence pouvant aussi, être habité : telle est l’impression voire la constatation qui anime le lecteur au fil et à mesure de ses découvertes.

Selon Stanislas Dehaene spécialiste français du cerveau, notre conscience est endogène et autonome. Elle est ce qui se produit lorsque le cortex entier s’embrase. Mais d’autres auteurs pensent différemment et c’est pourquoi le rapport entre la conscience et la matière fait donc l’objet d’expérimentations et de réflexions, à la fois des scientifiques et des philosophes dont Pierre Theillard de Chardin.

L’auteur en témoigne.

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… A la conscience collective ou noosphère

 Ainsi, après un an d’enquête, il se pose la question « et si la conscience n’existait que dans la relation ? Mieux : et si la conscience n’était que relation ? » Mais si tout n’est que relation, comment la dégager du grand tout cosmique inextricable ? En effet, la communication semble être partout, avec le mycelium des forêts et le phoscelium des étoiles et pourquoi pas le sigélium entre les humains du monde entier ? pense-t-il.

Et le journaliste de citer en particulier Rupert Sheldrake, à la fois scientifique et philosophe, dont il a suivi les travaux pendant plus de quatre décennies. Pour ce dernier, la nature de l’étoffe intime matière-énergie, espace-temps, pourrait avoir quelque chose de commun avec ce que nous appelons la conscience. Toutes les particules pourraient avoir la possibilité de faire des choix binaires.

S’il est vrai que notre cerveau émet des ondes, ces ondes sont portées par des courants électriques qui génèrent des champs magnétiques. C’est aussi vrai pour le soleil dont les « cellules de convection » conduisent l’énergie depuis le noyau.

Le panpsychisme du XVIème siècle revient aujourd’hui sous une forme nouvelle, celle d’un processus intégratif. L’auteur comprend que la conscience est première, qu’en se densifiant, elle engendre la matière, comme si le logos se faisait chair… La plus infime particule est conscience et devient matière une fois un choix réalisé.

Si le Logos est un principe cosmique rationnel, le Nirvana apparaît lui comme un état d’accomplissement spirituel. Mais l’auteur cite le Dalaï Lama pour qui le Nirvana n’est pas un état de conscience, c’est la Conscience, en quelque sorte l’extinction de l’individualité du soi.

Convaincu que le monde se trouve recrée en permanence par un Champ de forme qui est un son, un chant… Rupert Sheldrake finit par démontrer que même notre Soleil est conscient…d’où la pensée que « la conscience habite l’univers entier ! »

L’anthropocène transformera-t-elle notre conscience collective? C’est la question que se pose Patrice van Eersel. Il y répond en soulignant la subtilité du Silence, qui « contient tous les états de conscience, toutes les musiques, des plus lourdes aux plus subtiles ».

1 Commentaire

  1. Jean-Luc Martin-Lagardette

    Très intéressant article qui me laisse l’impression que la vie est partout et est en tout. Une sorte de sentiment océanique…

    Une remarque : la phrase « Rupert Sheldrake finit par démontrer que même notre Soleil est conscient…d’où la pensée que « la conscience habite l’univers entier ! » me paraît ambigüe.
    Si, effectivement, on peut penser que « la conscience habite l’univers », R. Sheldrake n’a pas « démontré » que « le Soleil est conscient ». La conscience l’habite, oui, mais il n’est pas conscient en tant que soleil, ce qui impliquerait qu’il est conscient d’avoir conscience, ce qui n’est pas tout à fait la même chose… Cela, Sheldrake ne l’a pas démontré.
    Cela dit, les approches de cet auteur sont passionnantes.

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