Engendrer non pas rêver

De chaque côté d’un long chemin ruisselant s’étend une vaste plaine endormie.
Elle est vêtue d’un fin voile de brume qui se soulève au rythme de sa respiration paisible.

Un silence de lune résonne encore un peu pendant que les flancs des collines se cherchent et se hissent en quête de douce clarté.

Peu à peu de jeunes rayons semblent sortir des buissons et prennent plaisir à jouer
avec les ombres qui vont et viennent, se cachent puis s’évaporent dans l’air serein.

Les branches et les brins d’herbe s’éveillent les uns après les autres et découvrent autour d’eux
de nouveaux bourgeons, de nouvelles brindilles, de nouvelles sources d’enchantement.

Le monde est nouveau et l’aube se réjouit : le berceau de verdure est fin prêt pour accueillir I ‘humain.
Le chant du rossignol dit assez que le matin est arrivé et que les artisans de la vie sont
ardemment invités à participer à l’éclosion de cette belle journée.

Toute la nature est là qui guette l’instant magique où bientôt des voix sortiront du sommeil pour s’enivrer du jour magnifié d’une chaude lumière.
Car c’est par elle et en elle que depuis la nuit des temps, tout se fait, tout se lie et s’allie.

Bientôt, aujourd’hui peut-être va naître dans chaque regard, sur chaque sourire, la joie d’être né pour vivre.
La joie de faire foisonner des appétits exaltant la tendresse, la joie d’être né pour engendrer non pas rêver
un bonheur de même nature que le Père créateur des collines, des bourgeons et de ce vaste univers.

Mais n’est-ce pas ce murmure que l’on entend déjà et qui s’élève par-dessus les buissons
parsemés de matin ?
N’est-ce pas la naissance de tous les cœurs désirés par la vie et désireux de vivre qui se libèrent pour toujours
de l’attente millénaire et qui chantent en adorant la douceur d’aimer et d’être aimé ?
N’est-ce pas au fond de notre cœur battant, l’Amour même qui s’épanche chéri et comblé à jamais…

 

Mars 2010

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